SOMMAIRE

Une définition de la Communication NonViolente
D’où vient la Communication NonViolente ?
Qui était Marshall B. Rosenberg ?
Pourquoi écrit-on « Communication NonViolente » et pas communication non-violente ?
Quel est le but de la Communication NonViolente ?
Pourquoi une girafe et un chacal ?
Quelles sont les 4 étapes du processus de la Communication NonViolente ?
Qu’entend-on par « besoins » en CNV ?
C’est quoi, l’intention avec la CNV ?
Qu’est-ce que la CNV peut m’apporter ?
La CNV et le changement social ?
Et demain ?
5 livres indispensables pour aller plus loin
Comment se forme-t-on à la Communication NonViolente ?
Petit lexique CNV

Une définition de la Communication NonViolente

« La Communication NonViolente, est-ce un processus, une démarche, une approche, une pratique ? Il s’agit d’un peu tout cela à la fois, mais c’est avant tout une manière d’être et de se relier aux autres… » in La Communication NonViolente, c’est malin, Pascale Molho et Geneviève Bouchez Wilson, éd. Leduc.

Selon Marshall Rosenberg, son fondateur, la Communication NonViolente est « le langage et les interactions qui renforcent notre aptitude à donner avec bienveillance et à inspirer aux autres le désir d’en faire autant ».

Technique de communication ou de développement personnel pour les uns, véritable art de vivre pour les autres, outil au service du changement social, la Communication NonViolente nous donne en tous cas des moyens concrets et profonds de retrouver la connexion à l’autre, au-delà des jugements, des critiques et des reproches.

En nous aidant à identifier nos besoins réciproques, elle nous encourage à utiliser un langage qui favorise l’élan du coeur et la coopération, plutôt qu’un langage qui nourrit la peur, la culpabilité, ou le reproche.

Elle part du constat que l’enrichissement de la vie est la motivation la plus profonde chez l’être humain dans ses actions, et nous incite à chercher avant tout à assumer la responsabilité de nos choix et à améliorer la qualité de nos relations.

communication non violente

D’où vient la Communication NonViolente ?

Marshall Rosenberg, le père de la Communication NonViolente, grandit dans la banlieue de Détroit, et est le témoin dès son enfance de violences raciales, qui le marquent profondément, et qui contrastent avec le milieu familial aimant dans lequel il évolue.

Il commence à se questionner sur les motivations qui poussent certains humains à agir avec violence, tandis que d’autres parviennent à garder intacte leur bienveillance. C’est ce qui le décide à étudier la psychologie, puis à développer et expérimenter dans les années 60 le processus de la Communication NonViolente. Il dira :

La violence est l’expression tragique de besoins non satisfaits.

Marshall Rosenberg

Qui était Marshall B. Rosenberg ?

marshall rosenberg

Marshall Rosenberg est un psychologue américain, né en 1934 : nous venons d’aborder brièvement les raisons qui le poussent à s’intéresser à la psychologie et à poser les fondements de ce qui deviendra la Communication NonViolente.

Lors de son parcours, il rencontre le sociologue Michael Hakeem, grâce à qui il prend conscience des limites de la psychologie clinique en ce qu’elle a tendance à masquer les causes plus larges, systémiques, des problèmes de la psyché humaine. Autre rencontre décisive pour Marshall Rosenberg, c’est celle avec Carl Rogers. Le travail de recherche sur la relation d’aide de ce dernier – ses 3 axes : l’empathie, l’authenticité, l’égalité accompagnant-accompagné – sera déterminant pour l’élaboration de la CNV.

Marshall devient Docteur en psychologie clinique en 1961, mais son désir d’avoir un impact social le fait rapidement délaisser la pratique clinique. Il préfère faire de la médiation dans des écoles, dans le but de réduire la ségrégation qui y règne, et finalement, c’est sur le terrain, auprès des écoles, mais aussi de gangs, qu’il pose les prémices de la CNV.

Il fait le choix d’arrêter complètement son activité de thérapeute en 1970 et de devenir taxi. Au fil des discussions qu’il a avec ses clients, il continue de peaufiner le processus qu’il développe. En 1984, il fonde le CNVC, le Centre pour la Communication NonViolente, et multiplie les déplacements aux quatre coins du monde pour diffuser la CNV.

Marshall Rosenberg meurt en 2015 à Albuquerque au Nouveau-Mexique, en laissant derrière lui des milliers de pratiquant·es passionné·es dans le monde.

De son vivant, Marshall Rosenberg a énormément voyagé, tant aux Etats-Unis que dans de nombreux pays du monde, et fait connaître le processus de la CNV partout où on l’invitait en contribuant aux efforts de réconciliation et à la construction de la paix dans des régions déchirées par la guerre.

source : https://cnvformations.fr/les-origines-de-la-cnv/

Pourquoi écrit-on « Communication NonViolente » et pas communication non-violente ?

En effet, communément et en bon français, nous serions tentés d’écrire « communication non-violente ».

L’expression « NonViolent Communication » est devenue une marque déposée aux États-Unis ;  « Communication NonViolente », avec les majuscules et sans espace ni trait d’union, en est la traduction en français. Nous utilisons donc l’expression Communication NonViolente pour faire référence spécifiquement au processus créé par Marshall Rosenberg.

Marshall Rosenberg, parce qu’il assumait s’inscrire dans la lignée non violente de Gandhi et Martin Luther-King, a fait le choix d’utiliser le terme « nonviolent » tout attaché, en référence au mot sanskrit « ahimsa » signifiant « absence de violence » ou « le fait de ne pas causer de nuisance ». Il n’existe pas de terme en français ou en anglais qui permette d’exprimer le concept d’ahimsa d’une façon positive, sans particule « non », aussi, Marshall, conscient que le terme était imparfait, a tout de même choisi de faire usage de « nonviolent ».

communication non violente

Quel est le but de la Communication NonViolente ?

Pour Marshall Rosenberg, le but de la CNV est de « favoriser l’élan du cœur et nous relier à nous-mêmes et aux autres, laissant libre cours à notre bienveillance naturelle. »

Philosophiquement, la Communication NonViolente part en effet du principe que notre nature profonde nous porte à aimer, donner et recevoir dans un esprit de bienveillance. Ce que les neurosciences nous confirment d’ailleurs aujourd’hui (références : CNV et neurosciences, un besoin de réalité partagée et Heureux d’apprendre à l’école, Catherine Gueguen). Toute la démarche CNV vise donc à nous défaire des habitudes qui nous ont coupées de cet élan naturel de contribution, et favoriser l’émergence, la reconnexion à cette bienveillance naturelle.

Quand Marshall Rosenberg prenait sa guitare…

Nous pouvons donc imaginer combien serait puissant ce processus, intégré et appliqué à nos sociétés à plus grande échelle, dans les domaines politiques, socio-économiques, écologiques… La CNV ce n’est pas seulement améliorer ses relations à l’échelle individuelle ou d’un petit groupe, même si c’en est une conséquence heureuse ! Engager un travail sur soi, devenir conscients de nos propres croyances, de nos conditionnements, des besoins qui nous animent, et de nos limites propres, fait de nous des citoyens plus conscients et agissants, dans nos sphères et à plus grande échelle. En nous émancipant d’anciens schémas et systèmes de pensée, nous participons au changement social, à sa racine. Nous contribuons à l’émergence de nouveaux modes de faire et d’être, basés sur l’interdépendance et la coopération.

Deux grands types de communication coupent notre élan à donner du fond du coeur. Tout d’abord ce qui peut s’interpréter comme une critique. Et ensuite, ce qui ressemble de près ou de loin à une contrainte.

Marshall Rosenberg

Pourquoi une girafe et un chacal ?

girafe cnv

Pour symboliser deux paradigmes (c’est-à-dire deux visions du monde différentes, en l’occurrence deux modes de communication opposés) Marshall Rosenberg utilisait la métaphore de la girafe et du chacal. Si vous visionnez des vidéos de Communication NonViolente de Marshall Rosenberg, vous verrez sans doute les marionnettes girafe et chacal qu’il utilisait pour faire comprendre ces deux modes d’expression différents.

Le chacal symbolise notre manière habituelle de nous exprimer, à laquelle nous avons été conditionnés dès notre enfance. Un mode de communication basé sur les jugements, la morale, les étiquettes, les exigences, le désir d’avoir raison et le déni de responsabilité (c’est l’autre qui est responsable de mon malheur : « je me sens comme ceci, parce que TU as fait cela. »)

La girafe quant à elle, est l’animal terrestre qui a le plus grand coeur (ce qui est bien nécessaire pour pomper le sang jusqu’à son cerveau). Elle symbolise donc le langage de la bienveillance et du coeur. Avec son long cou, elle prend de la hauteur et peut voir loin. Elle est donc aussi la métaphore d’un langage empreint de conscience.

Ces métaphores de la girafe et du chacal sont une aide pour nous déconditionner du langage auquel nous sommes habitués.

La Communication NonViolente ne dit pas qu’il est « mal » de parler en mode chacal, et qu’il « faut » parler girafe. Elle invite à prendre conscience que dans notre rapport à nous-même et aux autres, nous sommes parfois sur un mode chacal, parfois sur un mode girafe. Elle nous propose un processus de conscientisation, nous permettant d’aller plus souvent vers un mode d’interaction gagnant-gagnant (dans lequel les besoins de chacun·e sont pris en compte).

Quelles sont les 4 étapes du processus de la Communication NonViolente ?

La Communication NonViolente repose sur un processus en quatre étapes, que l’on nomme également OSBD (pour Observation, Sentiment, Besoin, Demande).

Il s’agit de mettre l’attention sur ces quatre éléments qui vont nous conduire à nous connecter à ce qui se vit en nous, et à nous donner les moyens éventuellement, de vivre ce que nous voulons.

La première étape est celle de l’Observation : que se passe-t-il, d’un point de vue neutre, objectif ? Nous tentons de décrire la situation, les faits, de manière objective. « Tu es toujours en retard » n’est pas une observation, c’est un jugement. En revanche, « tu es arrivé trois fois après 9h cette semaine » est une observation, vous saisissez la nuance ?

La deuxième étape est celle du Sentiment : quand il se passe [observation] comment est-ce que je me sens ? La plupart d’entre nous n’avons pas de réelle facilité à mettre un mot sur notre ressenti, ce que nous appelons sentiment n’en est d’ailleurs pas toujours (incompris, rejeté, trahi, ne sont pas des sentiments par exemple, car ils impliquent autrui, tandis que ébahi, paisible, fâché, morose sont des sentiments).

La troisième étape est celle de se relier au Besoin : je me sens [sentiment] parce qu’au fond, j’ai besoin de quoi ? Le besoin en CNV, est l’énergie qui nous pousse à agir. Nous avons tous les mêmes besoins, comme nous allons le voir un peu plus bas, mais nous pouvons avoir des stratégies très différentes lorsqu’il s’agit de satisfaire ces besoins.

La quatrième étape consiste à faire une Demande. Cette demande est formulée positivement, (ce que je veux, plutôt que ce que je ne veux pas) elle est concrète, précise et ouverte (si je ne suis pas prêt·e à entendre un « non » à ma demande, alors c’est une exigence et non une demande).

La Communication Non Violente suggère que nous formulions nos demandes dans un langage qui décrit clairement les actions que nous aimerions voir mener pour que notre vie en soit enrichie. Cela exige, entre autres, que nous exprimions ce que nous voulons plutôt que ce que nous ne voulons pas.

Marshall Rosenberg

Pour nous aider à mettre des mots sur nos sentiments et nos besoins, ce qui n’est pas toujours une évidence de prime abord, nous disposons de listes de sentiments et besoins, afin d’enrichir notre vocabulaire et clarifier ce qui se passe en nous.

Quelques listes de sentiments et besoins :

Qu’entend-on par « besoins » en CNV ?

En CNV, nous n’utilisons pas le terme « besoin » comme nous l’employons dans la vie de tous les jours. En CNV, un besoin est « une manifestation de la vie » comme le disait Marshall Rosenberg, ou un « j’aime vivre » comme les appelle Issâ Padovani.

Les besoins sont universels : nous avons tous les mêmes besoins, ils nous sont communs : besoin de nourriture, de mouvement, de chaleur humaine, de confort, besoin de sens, de cohérence, etc. Ils ne sont pas attachés à un contexte, une personne, un objet, une situation particulière. Et il existe une infinité de manières de les satisfaire : c’est ce que l’on appelle des stratégies.

Distinguer un besoin d’une stratégie : j’ai besoin de me nourrir. Je n’ai pas besoin de chocolat. Le chocolat est une stratégie pour me nourrir. D’ailleurs le chocolat peut aussi être une stratégie pour nourrir un besoin différent, de réconfort par exemple.

La plupart d’entre nous n’ont pas été éduqués pour penser à leurs besoins. Mais, quand ces derniers ne sont pas satisfaits, on nous a plutôt appris à penser à ce qui ne va pas chez les autres. C’est ainsi que nous qualifions de paresseux un enfant qui n’accroche pas sa veste au portemanteau comme nous le désirons ou d’irresponsable un ouvrier dont le travail n’est pas conforme à nos attentes. Ces évaluations d’autrui sont des expressions indirectes de nos besoins insatisfaits. Elles risquent plus de provoquer la résistance et l’agressivité que de susciter le désir de satisfaire nos besoins.

Marshall Rosenberg

C’est quoi, l’intention avec la CNV ?

communication non violente

En amont du processus en quatre étape évoqué plus haut, gardons en tête que la Communication NonViolente est avant tout une intention, plutôt qu’une manière de nous exprimer : celle de se relier à l’autre, celle d’établir une connexion de qualité, plutôt que celle d’avoir raison.

Si nous abordons la CNV avec la volonté plus ou moins consciente de vouloir changer l’autre, il y a fort à parier que ça ne « marchera » pas : la CNV n’est pas un outil pour changer l’autre, pour convaincre, pour obtenir ce que nous voulons.

La CNV, c’est vouloir profondément et sincèrement découvrir l’autre, « aller sur sa colline » (expression utilisée pour dire « comprendre sa réalité ») et nous relier à elle/lui avec authenticité.

Qu’est-ce que la CNV peut m’apporter ?

La CNV et les conflits

« Moi c’est Carole, et comme je te le disais, je suis formatrice en Communication NonViolente. C’est drôle, tout ce que les gens pensent, juste quand je dis ça ! Il y a des gens qui pensent que j’ai arrêté de vivre des conflits ! Aah, ils sont drôles… Les conflits, ça fait partie de la vie. ça fait partie de la paix. Est-ce que le médecin, arrête d’être malade, parce qu’il a étudié la médecine ? Est-ce que le plombier, cesse d’avoir des fuites d’eau, parce qu’il est plombier ? »

Tout est dit dans cet extrait du spectacle d’Erika Leclerc Marceau « ma [non]violence ordinaire » : les conflits font partie inhérente de la vie. La CNV ne nous évite pas les conflits, en revanche elle nous donne des outils pour mieux les vivre. 

La CNV au travail

La CNV tend à se diffuser dans le monde du travail et particulièrement dans le domaine des Ressources Humaines. Bien qu’il ne soit pas habituel d’exprimer ses émotions dans le cadre professionnel, nous découvrons que l’intelligence relationnelle et émotionnelle (ce qu’on appelle les soft skills) participe à fluidifier et assainir nos relations de travail. Finis les jugements moralisateurs, infantilisants, ainsi que la tendance à se victimiser : la CNV permet de remettre de l’authenticité et de la responsabilité dans nos rapports. Elle permet de mieux comprendre ce qui se joue derrière certaines situations conflictuelles : quand les besoins de chacun sont identifiés et écoutés, parvenir à des solutions qui respectent chacun est plus facile.

La CNV et le couple

Soyons honnêtes d’emblée : vous expérimenterez sans doute qu’il est plus facile au départ d’appliquer le processus CNV dans des relations « éloignées » et peu impliquantes. Quand il s’agit de nos amis, de nos parents, de nos enfants, et a fortiori de nos relations amoureuses, ça peut devenir plus compliqué. Pourquoi ? Parce que nos attentes à ces endroits sont élevées, et que nos affects tout autant. Pour autant, la communication étant un pilier du couple, l’approche de la CNV peut être d’une grande aide pour retrouver une qualité et une profondeur de connexion. Avoir la capacité d’exprimer ses frustrations, sa colère, sans accuser l’autre, mais toujours en partant de nos propres besoins non rejoints, permet de pallier à l’incompréhension, aux conflits répétés, qui peuvent à la longue détruire les relations auxquelles nous tenons tant.

La CNV à l’école et avec les enfants

Parce que les enfants apprennent à partir de ce qu’ils voient, de ce qu’ils vivent avec les adultes, l’association du réseau CNV en charge du volet éducation, Déclic CNV & éducation a fait le choix de ne pas transmettre la CNV aux enfants, mais d’outiller les adultes qui accompagnent les enfants. Vous trouverez plus d’infos sur leur site.

La CNV de moi à moi…

En apprenant à identifier nos émotions et nos besoins, nous améliorons tout naturellement notre relation à nous-même : nous devenons davantage à l’écoute de nos aspirations, de nos limites, de nos schémas de pensées aussi. Nous apprenons à nous donner de « l’auto-empathie » quand nous en avons besoin et si nous en avons les ressources. En bref, la CNV est un formidable outil pour mieux se connaître et parfois même, elle permet de soigner de vieilles blessures émotionnelles, en acceptant d’aller les rencontrer.

La CNV et le changement social ?

Marshall Rosenberg était très attaché à la dimension de l’impact social du processus dont il est à l’origine. Pour lui, la finalité de la Communication NonViolente est que, depuis cet élan du coeur que favorise la CNV, nous puissions oeuvrer collectivement à une société plus juste, et à un partage équitable des ressources.

Marshall Rosenberg avait une vision engagée de la Communication NonViolente : il a partagé avec succès son expertise en tant que « pacificateur » dans le conflit israëlo-palestinien, dans les conflits opposant Hutus et Tutsis (au Rwanda), ou encore entre Serbes et Croates…

Devant l’ampleur du changement social auquel nous aspirons tous, le moteur qui nous donnera le plus d’espoir et de force pour réaliser ce changement est, à mes yeux, notre capacité de célébrer nos réalisations. Faisons en sorte que la célébration fasse partie intégrante de notre vie et qu’elle soit le point de départ de nos initiatives. Commençons par là, sinon nous serons dépassés par l’ampleur de la tâche. Cet esprit de célébration nous donnera l’énergie dont nous avons besoin pour mener toutes les actions nécessaires au changement social.

Marshall Rosenberg

Et demain ?

Nous aimerions terminer cette page explicative de ce qu’est la CNV par l’ouverture suivante, qui nous est inspirée par les paroles de Françoise Massieu, anciennement présidente d’ACNV France :

« Pour beaucoup jusque là, la Communication NonViolente a été l’apprentissage de comment puis-je satisfaire mes besoins ? Aujourd’hui, dans un monde complexe et en crise (écologique, humanitaire…) il se pourrait que la question vivante devienne : comment pouvons-nous apprendre à rester debouts avec des besoins insatisfaits ? »

5 livres indispensables pour aller plus loin

Consultez notre page Librairie.

Comment se forme-t-on à la Communication NonViolente ?

Il existe des formations pour ce faire. L’initiation à la CNV se fait en trois modules de base de deux jours dispensés par des formateurs et formatrices certifié·e·s, qui ont lieu régulièrement aux quatre coins de la France :

  • module 1 : module d’introduction
  • module 2 : ouverture au dialogue
  • module 3 : pratique du dialogue

A l’issue de ces modules d’initiation, vous pourrez approfondir votre intégration de la CNV en suivant des modules d’approfondissement thématiques.

Pour en savoir plus sur les formations en Communication NonViolente proposées par le réseau des formatrices et formateurs certifiés, l’AFFCNV, rendez-vous sur cnvformations.fr

Vous pouvez également rejoindre un groupe de pratique de CNV près de chez vous. Certains de ces groupes sont ouverts aux débutants.

En dehors de ce cursus, il vous est possible de découvrir la Communication NonViolente à travers des vidéos, des conférences, des ateliers, des lectures… Sur les réseaux sociaux, vous trouverez certainement précieux les posts de l’apprentie girafe.

Et si vous commenciez par ces quelques vidéos ?

Petit lexique CNV

Qu’est-ce que ça veut dire, aller sur la colline de l’autre ?

Aller sur la colline de l’autre est une image souvent employée en CNV. Elle décrit cette situation où deux personnes, chacune sur sa colline, observent un pommier dans la vallée qui les sépare. Comme le soleil brille toujours du même côté, seulement la moitié des pommes sont mûres. Quand la personne qui voit les pommes mûres propose à l’autre de faire un gâteau aux pommes, l’autre rétorque que ce n’est pas possible car les pommes ne sont pas mûres. Tant que chacun reste sur sa colline (comprenez, sa vision partielle de la réalité) il peut s’ensuivre une dispute sans fin. Aller sur la colline de l’autre, c’est aller constater qu’effectivement, du point de vue de l’autre, les pommes sont mûres : c’est vouloir comprendre sa réalité, ce qu’il·elle vit, voit, ressent.

La CNV, est-ce que c’est être bienveillant ?

Non ! En tout cas, pas seulement. « La CNV, c’est une pratique de bisounours » « tu fais de la CNV, tu es forcément gentil·le… » « je n’ai pas besoin de la CNV, je ne suis pas violent·e… » sont des phrases que l’on entend souvent… (car oui, la violence est souvent assimiliée à la seule violence physique). La CNV, ce n’est pas être gentil, c’est être assertif : c’est à dire s’affirmer en toute authenticité, tout en respectant l’autre. La CNV nous apprend notamment à identifier quelles sont nos limites propres, et à les exprimer, quitte à être en désaccord. Cela n’empêche pas de s’intéresser sincèrement à ce que ces limites font vivre à l’autre, à vouloir prendre en compte ses besoins aussi.

L’écoute empathique, ou mettre ses oreilles girafe

Comme nous l’avons vu dans le paragraphe « Pourquoi une girafe et un chacal », la girafe représente symboliquement le « langage CNV ». Lors des conférences qu’il animait, Marshall Rosenberg avait souvent avec lui un serre-tête avec des oreilles de girafe cousues dessus. Mettre ses oreilles girafe est une expression pour symboliser cette qualité d’écoute (les oreilles) que l’on souhaite offrir à l’autre par notre présence empathique.

Observer sans interpréter

Notre conditionnement (et notre biologie !) nous ont appris à interpréter rapidement une situation, pour savoir si elle présente ou non un risque pour la satisfaction de nos besoins. Ainsi, il est facile de dire par exemple « il fait beau » (interprétation) plutôt que « il y a du soleil » (observation) ou encore « tu es égoïste » (interprétation) plutôt que « cela fait 3 semaines que je n’ai pas reçu d’appel de ta part » (observation). Mais comme la CNV, ce n’est pas qu’une histoire de mots, il y a aussi à prendre en compte l’intention avec laquelle on partage à l’autre notre observation. C’est une des nombreuses différenciations-clés que la CNV propose d’explorer, pour changer de paradigme.

Une demande, versus une exigence

Voici une autre différenciation-clé. La demande est traditionnellement la 4ème et dernière étape du processus CNV. C’est par la demande que j’essaie de satisfaire un ou plusieurs de mes besoins. La différence avec l’exigence réside dans l’espace intérieur que j’ai en moi : suis-je prêt·e à recevoir un « non » à ma demande, ou pas ? Si je ne suis pas prêt·e à entendre un « non », c’est que ma demande est en fait une exigence déguisée. Comme l’être humain aime profondément contribuer au bien-être de l’autre lorsqu’il se sent libre de le faire, exiger quelque chose de l’autre, c’est prendre le risque que ça ait un coût relationnel, que quelqu’un finisse par le payer (tension, déception, attente de revanche…)

La girafe de rue, c’est quoi ?

Lorsque nous découvrons la Communication NonViolente et apprenons à utiliser le processus OSBD, notre « parler girafe » est un peu mécanique, artificiel, et ce peut être déroutant pour notre entourage. Avec un peu plus d’intégration, nous apprenons à nous détacher du processus et de ses formulations toutes faites, tout en gardant bien présente l’intention de la CNV. Nous devenons plus habiles et moins mécaniques, nous passons comme pour tout apprentissage, du savoir au savoir-faire, puis au savoir-être. Pouvoir « habiller » notre CNV d’un langage plus courant, adapté à notre interlocutrice·teur, c’est ça faire de la « girafe de rue » !